mardi 27 août 2019

Désespoir du peintre 1/5


I

La pièce du fond était un bar de rencontres. Pour être plus précis, sans doute faudrait-il dire un bar de drague, ce qui serait plus proche de l’appellation américaine Cruising bar et afin de coller de plus près à la réalité dire que c’était le plus grand bordel homosexuel de la ville. À deux pas d’une des places centrales, il occupait un petit immeuble de trois étages et deux sous-sols où, de dix-huit heures à deux heures, des hommes pouvaient en rencontrer d’autres et consommer sur place.
On entrait là après avoir sonné et s’être fait reconnaître. À côté de la porte, un petit fenestron donnant à côté du zinc permettait au serveur de vérifier qui voulait qu’on lui ouvre. N’étaient pas admis les mineurs et les femmes, les groupes visiblement chahuteurs dont on pouvait légitimement se demander s’ils ne venaient pas ici pour provoquer et chercher des ennuis. Quand une tête inconnue se présentait, dont le look et l’aspect laissaient penser qu’il pouvait s’agir d’un égaré ne sachant pas trop où il tombait, l’imposte s’ouvrait et on lui spécifiait qu’il s’agissait d’un établissement gay afin qu’il entre en connaissance de cause si telle était bien son intention.
Le rez-de-chaussée était occupé par un immense bar en arc de cercle, quelques tabourets hauts sur pieds, une ou deux tables hautes elles aussi, un petit podium réservé aux spectacles organisés certains soirs, le maximum d’espace étant laissé vide pour offrir la possibilité aux danseurs de s’exprimer mais surtout pour que le plus grand nombre puisse s’entasser là et boire force bière et whisky-coca entre deux tours dans les différents espaces de drague répartis entre les étages et les sous-sols. La musique diffusée était essentiellement du disco du début des années quatre-vingt, ce qui correspondait à la jeunesse de la majorité des habitués.
Au premier sous-sol, on trouvait un interminable labyrinthe à peine éclairé par quelques tubes de néons violets qui faisaient ressortir le blanc des T-shirts. Dans un coin, deux canapés défoncés faisaient face à un écran plat de télévision suspendu au mur qui diffusait en permanence un film pornographique très hard, mettant en scène des jeunes gens de l’est de l’Europe. Un étage en dessous, d’autres écrans diffusaient des films du même genre, venus des États-Unis cette fois. Il y avait également des cabines individuelles où l’on trouvait ici un sling, là une table gynécologique, ailleurs des systèmes compliqués de chaînes et menottes suspendues au plafond ou scellées aux murs, une autre offrait une sorte de lit circulaire assez haut et un assortiment de martinets, fouets et autres gadgets.
Au premier étage, il y avait la salle de billard, un petit salon où le poste de télévision était définitivement branché sur une chaîne musicale diffusant les hits actuels, un autre bar – plus petit – que l’on n’ouvrait que les week-ends et soir de fête, également le vestiaire où l’on pouvait laisser ses affaires en garde contre un euro.
Le deuxième étage était une réussite, dans un cadre très agréable on avait disposé cabines individuelles, cabines pour groupes importants, salon de repos où attendre tranquillement l’apparition de celui que l’on pourrait entraîner dans une cabine où suivre dans l’un des sous-sols.
Il y avait en outre un patio où les fumeurs pouvaient s’adonner à leur vice sans déranger quiconque, du moins jusqu’à ce que la loi le leur interdise définitivement.
L’endroit ne désemplissait pas, recrutant sa clientèle bien au-delà de la ville, jusque dans les départements voisins. Il n’était pas rare que certains clients fassent une centaine de kilomètres pour venir ici trouver la compagnie qu’il n’aurait jamais osé aborder dans leur campagne reculée ou dans une de ces petites villes où chacun sait tout sur tous.


Jérôme arriva vers vingt-trois heures. Il était vêtu de façon très décontractée, un jean, un T-shirt blanc laissant voir ses épaules musclées, les pieds nus dans une paire de sandale de cuir. Il portait une sacoche de cuir éraillé en bandoulière, réplique  des sac à outils que portaient les plombiers autrefois. En fait d’outils, il avait là-dedans son matériel photographique léger.
Après s’être fait ouvrir la porte, il entra en habitué des lieux, se dirigeant vers le bar où il embrassa Marzouq qui était de service.
— Alors, comment va le Bresson du quartier ce soir ? demanda le jeune Marocain.
— Ça va, une journée de merde… Tu peux me mettre ça en sécurité ? demanda-t-il en faisant passer la sacoche par-dessus le bar.
Sans répondre, le jeune homme s’empara de l’objet pour aller le déposer dans la petite pièce qui se trouvait derrière lui et servait de vestiaire d’appoint lorsque celui du haut n’était pas ouvert. Il revint en tendant un ticket de consigne à Jérôme.
— Qu’est que tu bois ? demanda-t-il d’un ton très professionnel.
— Gin-tonic, comme d’hab’.
Tandis qu’on le servait, il fit un tour d’horizon de la salle. Pour le moment, l’endroit était assez calme. Il était encore tôt. L’affluence se répartissait suivant la clientèle et les heures. À l’ouverture, on trouvait là plutôt des types mariés qui passaient tirer un coup vite fait en catimini, pouvant justifier un éventuel retard par un apéritif ou une réunion qui s’était prolongée au bureau ; après les choses se calmaient à l’heure de l’apéritif et du dîner, il n’y avait alors que de rares clients, des habitués qui venaient en copains discuter avec Marzouq, Charles, Jérémy ou Angelo. Le gros de la fréquentation arrivait à partir de vingt-trois heures, moment du coup de feu. Après chacun se faufilait dans tel ou tel espace selon ses goûts et le bar redevenait abordable, puis d’autres arrivaient au fil de la nuit qui remplaçaient ceux qui partaient. Satisfaits et soulagés le plus souvent.
— Tu as fait de belles photos aujourd’hui ?
— Ouais, mais j’étais pas très inspiré. Le tout est que ça plaise à mon client.
Jérôme était photographe free lance et travaillait à la pige pour le quotidien régional, quelques revues vaguement culturelles, faisait aussi des clichés qui alimentaient la photothèque du Comité départemental du tourisme, acceptait de temps à autre des reportages photos pour mariages et baptêmes, mais seulement lorsque son compte en banque le nécessitait. Il assurait aussi la couverture des soirées spéciale de La pièce du fond. Il l’avait fait pour lui une ou deux fois et le résultat qu’il avait montré à Charles et Angelo – les patrons du lieu – les avait convaincus de s’attacher ses services pour alimenter leur site Internet et les pages de publicité qu’ils achetaient dans les fascicules gratuits qui inondaient les lieux gays et gayfriendly : bars, discothèques, saunas…
Il avait passé l’après-midi à la campagne, au fond d’un petit vallon qui servait d’écrin à une abbaye cistercienne magnifiquement conservée, dans laquelle se tenait une exposition d’art contemporain. Il était chargé de faire un reportage complet sur cet accrochage consacré à la rétrospective de l’œuvre d’une artiste slave spécialisée dans le gris et l’obscur. Un festival d’horreurs et d’esbroufe qui l’avait mis en colère. Il ne prisait pas particulièrement l’art moderne ou contemporain, à quelques exceptions près comme par exemple Jean-Paul Marcheschi, mais ce qu’il supportait moins encore, c’était ce parti pris des conseils généraux d’utiliser systématiquement les abbayes cisterciennes pour des expositions de ce type. Cela relevait d’une méconnaissance totale de l’« ordre » fondé par Saint Robert en 1098, dont les valeurs de pauvreté, simplicité et solitude furent rappelées et renforcées par le Pape Benoît XII en 1335. La règle était que dans ces abbayes, les murs devaient être complètement nus, les images figuratives et la couleur en étant exclues ; de fait, tout ce qui pouvait attirer l’œil et le distraire de la lecture et de la méditation. À investir de tels lieux, Jérôme était d’avis que les collectivités locales auraient montré plus d’intelligence en les transformant en bibliothèques érudites, destinées à des chercheurs ou étudiants. Il n’était pas particulièrement croyant, sa réflexion était davantage celle d’un amoureux des belles pierres qui se désespère qu’on les salisse de graffitis immondes.
Il était inutile d’embêter Marzouq avec de telles élucubrations, aussi se contenta-t-il de dire que l’exposition ne valait pas le déplacement et qu’il avait shooté ici même de bien meilleurs clichés. Après quoi, il prit son verre et s’éloigna en direction de l’escalier pour une exploration des sous-sols.
Le Marocain le regarda s’éloigner en se disant qu’il lui faudrait un jour tenter sa chance avec ce quadragénaire plutôt bien conservé. Il avait pour habitude d’allumer tout le monde avec une discrétion extrême, personne n’en était dupe mais cela participait à la fidélisation de la clientèle. Sa place était au bar, on ne le voyait jamais monter ou descendre les escaliers, il n’y avait donc aucune chance de le serrer dans un coin, le zinc imposant le protégeait des mains baladeuses mieux qu’une ceinture de chasteté.


Il fit un premier tour dans le labyrinthe, tâchant d’éviter les corps accroupis qu’il distinguait mal, esquivant les mains baladeuses, le temps d’habituer sa vue à la pénombre qui régnait en ce lieu. À première vue, il n’y avait pas grand monde. Il se réfugia sur l’un des canapés et jeta un œil distrait et totalement désintéressé aux ébats de deux minets blonds en train de se sucer dans une rame du métro de Moscou, tout en finissant le contenu de son verre qu’il poserait ensuite sur une table basse afin d’avoir les mains libres en retournant dans la backroom.
Le plus souvent, il se retrouvait à regarder le film porno simplement parce que la luminosité de l’écran attirait son regard. Ce n’était pas un adepte de ce genre de spectacle qui était à son goût plus affligeant qu’excitant. Il se surprenait régulièrement à porter sur ces images un œil critique de professionnel, jugeant les cadrages, le mauvais éclairage, le manque total d’esthétique de telle ou telle scène. Il lui arrivait de se demander sérieusement si une esthétique de la pornographie est envisageable, mais le sujet était trop vaste et trop complexe pour qu’il eût jamais mené sa réflexion au bout ; il arrivait toujours un moment où il se contentait d’hausser les épaules avec un vague sourire moqueur.
Ce soir-là, il se laissait envahir par une sorte de spleen assez vague qui l’avait saisi alors qu’il s’efforçait d’accomplir son travail sans laisser paraître sur les images qu’il prenait la mauvaise humeur qui était la sienne, ainsi que son total manque d’intérêt pour les toiles qu’il avait sous les yeux. Il n’aimait pas travailler dans de telles conditions. C’était encore une chance que l’artiste ne soit pas présente et que la conservatrice du lieux ait été retenue par une réunion impromptue, au moins n’avait-il pas eu à feindre un enthousiasme qu’il ne ressentait pas.
Il posa son verre, se redressa d’un geste souple et gagna à nouveau le labyrinthe, non sans avoir pris la précaution d’attraper au passage quelques préservatifs et échantillons de gel lubrifiant mis à disposition gratuitement dans des distributeurs muraux.
Sa vue s’était habituée au manque de lumière ambiant. Désormais, il pouvait mieux distinguer les formes humaines qu’il croisait sur son passage. C’est ainsi qu’il aperçut ce grand jeune homme vêtu d’un chandail écru, dont les manches étaient remontées jusqu’aux coudes, qui entrait à sa suite. Il se dit in petto qu’il était bien dommage que ce garçon ne soit pas pour lui, exprimant ainsi l’idée qu’il n’avait pas la moindre chance d’intéresser un tel canon. À vrai dire, Il se montrait de toutes façons  systématiquement réticent à l’égard de la jeunesse, qu’il jugeait trop frivole à son goût.
En même temps qu’il enregistrait l’arrivée de cette grande silhouette claire dans la backroom, il eût conscience qu’un type beaucoup moins intéressant s’attachait à ses basques : petit, mal fagoté, la moustache en bataille, traînant avec lui une odeur de bière entêtante. Il pressa le pas autant qu’il le pouvait, faisant attention de ne pas bousculer les couples affairés.
Il se souvenait de la première fois où il avait mis les pieds dans un tel endroit. Cela remontait à très longtemps, lors d’un séjour à Paris. Il était à l’époque bien plus timide qu’aujourd’hui et s’était senti mal à l’aise lorsque, ayant à peine pénétré dans ce sombre dédale, il avait senti une main lui caresser le bas du dos avant que des bras puissants le saisissent et l’étreignent avec une fermeté presque violente. Une bouche avait cherché la sienne et il n’avait eu que le temps de détourner la tête pour murmurer à l’oreille de son admirateur : « Je m’appelle Jérôme, et toi ? » Il gardait encore cuisant le souvenir de la réaction de l’autre, qui l’avait lâché sur l’instant, s’exclamant d’un ton glacial : « Si en plus il faut parler ! » avant de disparaître à tout jamais. Si, à l’époque, Jérôme ne connaissait pas les règles, il avait eu le temps de les apprendre depuis.
Il pressa le pas, tourna brusquement sur sa droite et se dissimula dans un renfoncement qui était libre par miracle. Son suiveur ne se rendit compte de rien, il le laissa passer et revint sur ses pas. C’est alors que l’incroyable se produisit. Le garçon au chandail écru se tenait devant lui, avançait la main vers son torse, la laissait glisser en une caresse légère jusqu’aux abdominaux, puis plus bas tandis qu’il se collait à lui. Jérôme leva la tête vers ce visage à peine visible qui le dominait d’une bonne vingtaine de centimètres. L’autre se pencha à sa rencontre, leurs lèvres se trouvèrent sans grande difficulté et ils s’embrassèrent longuement tout en se caressant de façon impulsive et désordonnée. Jérôme sentit qu’on lui dégrafait sa ceinture, il repoussa la main experte et murmura une invitation à le suivre dans une cabine où ils seraient mieux. Il ne manquerait plus que son admirateur de tout à l’heure revienne sur ses pas et se joigne à eux… Non, merci !
La cabine où il se réfugièrent faisait à peine deux mètre carrés, elle était meublée en tout et pour tout d’un fauteuil de jardin en plastique, d’une corbeille à papier et d’un distributeur de papier absorbant fixé au mur face à la porte. Une ampoule nue pendant au bout d’un fil éclairait faiblement le tout.
Après avoir mis le loquet, le garçon finit de dégrafer la ceinture de Jérôme, déboutonna le pantalon et le fit glisser jusqu’à aux chevilles en même temps que le caleçon, puis il le poussa sur le fauteuil. Il se déshabilla lui-même entièrement en un tournemain et vint s’asseoir à califourchon sur le membre dressé du photographe qui n’avait eu que le temps d’enfiler un préservatif. Il improvisa une sorte de trot acrobatique auquel il imprima peu à peu une allure plus soutenue, se penchant en avant pour mordre la bouche de son partenaire.


Quelques instants plus tard, Jérôme commandait deux demis-pêche à Marzouq et allait rejoindre le garçon qui l’attendait dans le patio, occupé à confectionner un joint sans beaucoup de discrétion. Il lui tendit un des deux verres et prit une chaise pour s’installer près de lui.
Ils engagèrent la conversation. Jérôme n’était pas d’un naturel bavard, il préférait écouter. Cela tombait bien, son compagnon était rendu volubile par l’herbe qu’il avait manifestement fumée d’abondance dans la soirée.
Il dit s’appeler Pierrick et être artiste peintre, parla de création, de mouvement, de couleur. Jérôme le regardait s’exciter et tirer sur le pétard conique et odorant, se disant que si Angelo passait par là pour ramasser les verres qui traînaient sur les tables, il y aurait du grabuge et ils se feraient mettre dehors. Il était fatigué, le plus sage aurait été de rentrer chez lui, pourtant quelque chose le retenait auprès de ce jeune homme qui l’avait impressionné au premier regard mais qui se révélait si fragile. Sans doute entrait-il aussi dans cet élan une part de reconnaissance pour l’extrême jouissance qu’il avait connue avec lui quelques minutes plus tôt.
— Je te saoule ?
— Non, pourquoi dis-tu ça ?
— Tu es bien silencieux. Et puis tu regardes ta montre…
C’était une habitude, une sorte de tic. Jérôme donnait sans cesse l’impression de mesurer le temps, alors même que rien ne le pressait. Ce réflexe datait de ses années d’adolescence, quand l’ennui ne le quittait pas sur les bancs du lycée. Il regardait alors sa montre à tout instant, comme si le fait de lire l’heure pouvait accélérer le temps. C’était devenu maladif et il n’avait jamais réussi à s’en défaire par la suite, ce qui mettait souvent ses interlocuteurs mal à l’aise.
— Excuse-moi, je ne voulais pas me montrer impoli. J’ai vraiment passé un très bon moment avec toi, inespéré !
— Ça veut dire que tu t’en vas ?
— Je ne vais pas tarder, il me faut traiter les photos que j’aie prises cet après-midi.
— On se reverra ?
La grande question, celle que l’on se pose à chaque rencontre intéressante et à laquelle le plus souvent les réponses positives ne sont rien d’autre que des faux-fuyants, comme s’il était impossible de dire à un garçon « Non. On a tiré un bon coup, mais on en reste là », ou bien « Non, t’as rien du coup du siècle et puis j’aime le changement. » Néanmoins, cette fameuse question il faut bien la poser si l’on veut tenter sa chance, forcer le destin. Il doit bien y avoir des cas où le miracle se produit ! Tout cela, Jérôme pouvait le lire dans le regard de Pierrick, dans le pli boudeur des lèvres.
— Pourquoi pas ? Ça te ferait autant plaisir qu’à moi ? dit-il en se levant.
Pierrick fut aussitôt debout, repoussant sa chaise. Son sourire était radieux et plein d’espoir.
— Je te suis, dit-il. Je sors avec toi. Plus rien à faire ici…


En sortant, ils remontèrent le boulevard en direction du jardin public, passant derrière l’Hôtel de Ville où quelques filles de l’Est, faméliques et dénudées, tentaient d’appâter les rares chalands qui passaient par là à cette heure tardive.
Ils s’arrêtèrent au coin de la rue où habitait Pierrick. Celui-ci essaya de convaincre Jérôme de le suivre pour un dernier verre. Sans succès, mais avec la promesse d’un appel téléphonique dès le matin. Ils échangèrent donc leurs numéros avant de se séparer, non sans un dernier baiser où brûlait encore la passion des ébats précédents.
Jérôme fut abordé par l’une des prostituées, qui lui demanda s’il venait du nouveau bar gay qui avait ouvert quelques mois plus tôt. Il répondit que l’endroit était sans intérêt, la clientèle trop jeune à son goût et le personnel sans amabilité. Il fit allusion à La pièce du fond et s’éloigna en lui souhaitant bon courage et bonne nuit. Celle-ci n’avait pas cherché à le racoler, ayant compris à quoi s’en tenir en regardant les deux hommes se séparer, il n’y avait pas eu besoin de mise au point. Lorsque cela se produisait, il annonçait toujours son homosexualité, l’accompagnant d’un petit sourire, comme pour signifier que son refus n’avait rien à voir avec un quelconque dédain moralisateur.
Il poursuivit son chemin jusque chez lui. Ces trois quarts d’heure de marche firent passer le coup de fatigue ressenti après les acrobaties de la cabine et il s’assit à son ordinateur pour trier les photos prises dans l’après-midi, choisir les meilleures, faire quelques retouches ici ou là.

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