samedi 5 avril 2014

Pari perdu



— Sois le bienvenu, dit une voix mielleuse que je ne parvenais pas à identifier.
L’endroit était plongé dans une obscurité totale. Il m’était impossible de rien voir, de prendre le moindre repère, et je manifestais rapidement quelques signes d’agitation.
— N’aie pas peur. Il ne peut plus rien t’arriver…
Je n’aimais pas cette voix, elle m’était spontanément antipathique. Je l’associais à celle d’une machine. Elle eut aussi bien proféré une ânerie du genre : « Vous êtes arrivés au septième ciel, "jouissance-ascenseurs" est heureux de vous avoir mené à bon port… » Ne manquait plus qu’une de ces musiques lénifiantes et pianoteuses.
Je n’avais pas la moindre idée de l’endroit où je me trouvais, pas plus que de la manière dont j’y étais venu. Cela créait en moi un profond malaise.
Afin de me rassurer, j’essayais de tâter mon corps à la recherche d’une blessure quelconque, mais la chose s’avéra impossible. Je voudrais pouvoir dire que mes mains ne rencontrèrent rien, cependant pour cela il aurait fallu que j’aie des mains !
— Tiens-toi tranquille.
C’était maintenant la voix de ma mère. À moins que cette identification ne fût que le fruit d’une analogie due aux mots prononcés, qui formaient l’une de ses phrases favorites lorsque j’étais enfant. « Tiens-toi tranquille », tantôt claquant comme un ordre excédé, tantôt supplique murmurée au chevet de l’éternel malade. La voix de ma mère comme une réminiscence, le timbre retrouvé d’une douce musique éteinte depuis longtemps.
Je voulais rester digne, ne pas faire étalage de la panique qui m’envahissait au fur et à mesure.
Où me trouvais-je et que faisais-je là ? Pourquoi ce noir total ? Pourquoi cette absence de sensations corporelles ? Les questions se bousculaient sans que mon esprit logique y apporte la moindre réponse satisfaisante.
— Au fond, vous êtes tous les mêmes, fortes têtes et grandes gueules, mais terrorisés quand vient le moment… Toi comme les autres.
Ce que j’exécrais par-dessus tout, c’était ce tutoiement qui visait manifestement à m’inférioriser. Les enseignants en usent à l’égard de leurs élèves, comme les flics à l’encontre des gens qu’ils soupçonnent. La plupart des parents se comportent également ainsi avec leurs enfants, de même que dans l’amour – je veux dire l’acte amoureux – les inconnus se défont du vousoiement aussi vite que de leurs dessous.
Je me suis mis à honnir le tutoiement quand j’avais vingt ans et que celui-ci est devenu à la mode. Dans le travail, je ne supportais pas que collègues ou cadres se croient fondés à être à tu et à toi avec moi. Je ne prétendais pas leur être supérieur, mais je me sentais en tout cas moins hypocrite.
Je suis un homme de distances, la promiscuité m’insupporte, la claque dans le dos m’indispose. En un mot, je suis misanthrope.
Je ne voulais pas interroger la voix. D’abord par fierté, ensuite par crainte de la réponse. Un vieil adage diplomatique veut que l’on ne doive poser que les questions dont on connaît par avance la réponse. Dans ces conditions, mieux valait me taire et attendre. Sans doute m’apprendrait-on où je me trouvais et ce que j’étais censé y faire. Puisque l’on avait commencé à me parler, c’était du moins le signe que le silence n’entrait pas dans la torture.
Le mot "torture" s’était imposé à moi sans que j’y songe véritablement. Sans doute cela tenait-il à ce noir total dans lequel j’étais plongé, sans repère, sans la plus petite lueur à laquelle me raccrocher. Je ne voyais rien, je ne sentais rien non plus. C’était le néant.
— Tu vois bien à quel point les questions sont inutiles, puisque les réponses te viennent naturellement à l’esprit, dit la voix qui ne ressemblait plus à celle de ma mère.
— Je suis mort, c’est cela ? demandais-je gauchement.
— Tu commences à comprendre.
— Comment est-ce arrivé et quand ? Je ne me souviens de rien.
Il y eut des ricanements amusés et sarcastiques. J’avais cru jusqu’à présent que nous étions seuls, manifestement je m’étais trompé.
— La mort n’est pas un événement aussi essentiel qu’on doive s’en souvenir en détail. Après tout, te souviens-tu d’être né ? Je ne te parle pas d’avoir été en vie, mais de naître et des sensations qui étaient les tiennes à cet instant tout aussi crucial ?
Il n’était pas nécessaire de répondre à cette question. Qui aurait pu sérieusement prétendre se remémorer un tel instant ?
— Ton silence en dit long. Il est en même temps plein de sagesse, car naître n’est pas simplement le moment de l’expulsion de la matrice, c’est aussi la période qui l’a précédée, avec la sensation de ce corps qui pousse, se développe organe après organe.
Je me demandais où pouvait bien nous mener cette conversation. Je prenais acte de ma mort sans autre tourment particulier que celui d’être confronté à ce dialogue absurde auquel je ne m’étais pas attendu.
Il avait toujours été clair pour moi que la mort se réduisait à une absence de vie, sans rien derrière. Non seulement je l’avais cru, mais qui plus est espéré dans mes moments de grande détresse : qu’au moins cette sinistre comédie ait une fin, une fois le rideau tombé.
— Qui êtes-vous ? Dieu ?
Son rire s’éleva, solitaire cette fois.
— Tout de suite les grands mots ! Dieu reste la réponse simpliste par excellence aux questions les plus compliquées, même pour les mécréants de ton espèce.
Il commençait à m’agacer sérieusement. Allais-je devoir le supporter pour l’éternité ? Fallait-il se taire ou, au contraire, entrer dans son jeu ? Je décidais de laisser libre cours à ma pente naturelle.
— À force d’en parler et de répéter son nom à tout propos, ne finit-on pas par lui donner un semblant d’existence ?
— Admirable ! Vous n’avez pas changé depuis le lycée, toujours aussi rebelle.
Je retrouvais avec plaisir les intonations si particulières de mon professeur de philosophie. Un des rares du camp d’en face avec qui j’avais sympathisé. Il aimait mes dissertations, si peu académiques et tellement personnelles, qui le changeaient – disait-il – des copies mal digérées de la majorité de ses élèves.
Au passage, j’en concluais que lui aussi était mort. Il n’était pourtant guère plus vieux que moi. Qu’est-ce qu’une dizaine d’années ?
Je me souvenais très bien de sa silhouette élancée, de ses cheveux blonds frisés, de cette gentillesse discrète qui m’avaient tourné la tête.
J’aurais pu lire toute la philosophie du monde, de la plus géniale à la plus rébarbative, pour le plaisir d’en discuter avec lui dans les couloirs du lycée et prolonger ainsi le temps que nous passions ensemble ou, pour être précis, que je lui volais dans les intercours.
À quoi tiennent les vocations… J’aurais pu être un brillant matheux si je n’avais pas eu que des femmes pour me détourner de cette matière sans attrait !
Mort. Ainsi, j’étais mort.
La question primordiale qui s’imposait, une fois ce constat posé, était celle de la conscience. Je veux dire, comment pouvais-je avoir conscience de ma mort, si mort il y avait ? C’était un fait que je ne sentais plus mon corps, que je ne voyais plus et n’avais aucune des sensations habituelles qui font la vie, comme par exemple celle de l’odorat ou même du goût amer auquel j’aurais été en droit de m’attendre en cette circonstance.
Que restait-il ? Quelle sorte de conscience impliquait ce dialogue dans les ténèbres ? Fallait-il en conclure à l’existence de l’âme et à la réalité de sa survie, ou du moins de sa persistance ?
Je me souvenais avoir lu quelque part un article sur les expériences auxquelles s’était livré le Dr Duncan MacDougall en 1907, et la conclusion à laquelle il avait abouti, fixant la masse de l’âme à vingt et un grammes, à partir du différentiel de poids des individus juste avant et immédiatement après leur trépas. Tout ceci m’avait toujours fait sourire. Se pouvait-il que ce fût vrai ?
Pour ma part, je n’avais jamais cru à une survivance quelconque, ni à la possibilité d’entretenir un dialogue avec l’âme des défunts, ne fût-ce qu’à travers les rêves.
Quelques mois après la disparition de mon père, alors que je me trouvais à la campagne, dans la maison qu’il avait beaucoup aimée et dans le jardin de laquelle ses cendres étaient enfouies, j’avais fait un rêve bizarre. Je me tenais devant la boîte d’un bouquiniste, sur un trottoir du quartier des facultés, lorsqu’une ombre s’était profilée derrière moi. Un bras était apparu, comme pour prendre l’un des livres présentés, et j’avais eu la certitude qu’il s’agissait de mon père. Je m’étais alors violemment insurgé, criant presque en me retournant : « Tu n’as plus rien à faire ici, tu es mort ! » Et de fait, derrière moi il n’y avait plus personne. Pas davantage que dans cette chambre où je m’éveillais en sursaut.
J’étais mort. Dont acte.
Je voulais m’épargner le ridicule de poser à nouveau la question de la date de l’événement. D’autant que ce n’était pas ce qui me perturbait le plus.
J’aurais aimé pouvoir affirmer n’avoir jamais eu peur de la mort, mais ce n’était pas vrai. L’idée de disparaître me terrorisait à l’âge de six ans, au point que j’en perdais le sommeil par peur de m’endormir à jamais. Moins de dix ans plus tard, c’était davantage l’idée de vivre qui me tourmentait. J’avais été un adolescent et un jeune homme suicidaire, qui n’avait dû sa survie qu’à une volonté morbide de savoir jusqu’où il pouvait descendre plus bas dans l’abîme du désespoir au moment du passage à l’acte. Et puis, tout ceci s’était résolu dans une sorte d’indifférence. J’avais fini par comprendre que j’étais comme Pétrarque « un étranger sur la Terre, un passant, comme mes ancêtres, un exilé, un voyageur inquiet en cette courte vie. »
En essayant de réfléchir raisonnablement à la chose, je construisais l’hypothèse la plus plausible. Puisque je ne sentais plus mon corps et ne voyais plus rien, je décidais de partir du principe que mes dernières volontés avaient été exaucées ; j’avais donc été incinéré. À défaut d’être poussière, j’étais cendres. Les délais normaux étant de quarante-huit heures maximum dans le sud de la France, je décidais que mon trépas remontait à trois jours au plus, pour compter large.
La crémation – qui avait pour moi l’avantage d’éviter « le beau soulagement d’être mangé des vers » dont parlait Voltaire – était un choix longuement mûri, qui n’allait pourtant pas de soi au départ.
Lorsque j’étais enfant, je ne sais pourquoi, j’étais persuadé de la nécessité de l’intégrité du corps pour l’ensevelissement ; c’est pourquoi l’idée d’un prélèvement d’organe me dérangeait profondément, signe sans doute que je n’avais pas encore définitivement tranché à l’époque la question d’un quelconque au-delà.
La crémation, ce fut ce que je décidais pour mon père.
Chaque fois que j’avais tenté d’aborder la question avec lui, il avait botté en touche en affirmant que cela ne le concernerait plus. Sur le moment, il m’apparut que c’était la meilleure solution, puisque nous n’avions pas de caveau de famille dans la région. Ce n’est qu’ensuite que je devais me rendre compte de ce que ce choix avait de peu judicieux. En effet, ayant assisté à la destruction de sa maison sous les bombardements de la Libération, mon père avait fait pendant des décennies des cauchemars qui le réveillaient en lui faisant croire qu’il se retrouvait au milieu des flammes.
Après la cérémonie, alors que j’emportais l’urne encore chaude pour l’ensevelir, le côté absurde, voire sacrilège de cette décision s’imposa à mon esprit et ne cessa plus dès lors de me hanter.
Si j’admettais que mon décès remontait à trois jours au plus, la grande interrogation qui s’imposait immédiatement était la suivante : qu’avais-je fait pendant ce lapse de temps ? La mort se réduisait-elle à une absence de trois jours ?
— La question du temps semble te préoccuper au plus haut point. Elle est pourtant sans grand intérêt, reprit la voix du début.
— Elle en a pour moi, m’insurgeais-je.
— Le jour, la nuit, les secondes, les minutes, les heures, les jours, les semaines, les mois, les années… Toutes les petites choses auxquelles se raccroche la vie n’ont plus cours désormais.
— Est-ce le paradis, le purgatoire ou l’enfer ?
— Les trois ou ni l’un ni l’autre. Le néant, c’est l’absence de toute chose. Il n’y a donc plus ni bien ni mal.
Je me fis la réflexion que ce par-delà – décidément, je refusais la notion d’au-delà – était très Nietzschéen ; tout dans la nuance.
— J’ai évité de faire le mal autant qu’il était possible, dis-je platement.
— Et plus encore de faire le mâle… cingla une voix pleine d’aigreur dans laquelle j’hésitais à reconnaître celle de mon père.
C’était déroutant. Je n’osais dire inattendu, dans la mesure où je ne m’étais attendu à rien de tout cela, en vérité. Les lois de la physique étaient-elles à ce point abolies que la moraline puisse encore peser une tonne au sein des prétendus vingt et un grammes de l’âme ?
— Très spirituel, dis-je.
— Il ne nous reste rien, ici, fors l’esprit.
— Et visiblement quelques esprits forts, raillais-je.
Il y eut une cascade de rires, puis la voix du début reprit la parole.
— Je vois que tu t’adaptes vite.
Or, c’était loin d’être le cas !
Comment aurais-je pu m’adapter ? Ma mort me bouleversait. Non pas tant que j’aie tenu à la vie, mais bien davantage du fait de ce qui se passait depuis et dérangeait mes certitudes les plus établies.
J’avais toujours considéré que si Dieu existait et était l’être supérieur que l’on voulait bien décrire, il préférerait mon athéisme sincère à une foi molle et calculatrice. C’est pourquoi le pari de Pascal m’avait dès le début semblé parfaitement odieux, une illustration très nette de l’hypocrisie d’un clergé jouant gagnant sur tous les tableaux, du séculier à l’intemporel. Engager un pari sur l’existence de Dieu était à mes yeux de mécréant la quintessence même du blasphème. N’était-ce pas, en somme, s’en remettre au hasard contre la nécessité prétendue ?
Je n’ai jamais cru en Dieu, à ce patriarche véhément, irascible, injuste dont parlaient la plupart des gens autour de moi, ce Père tout-puissant dont l’amour ne s’exprimait qu’à travers l’interdit et la contrainte. L’enfant terrifié des nuits sans sommeil avait quant à lui l’intuition d’une force suprême bien plus naturelle que surnaturelle, mais il n’avait pas les capacités intellectuelles de la penser plus avant pour mieux en définir les contours et, plus tard, l’adolescent suicidaire et l’homme mûr – s’il le fut jamais – avaient de leur côté décidé de croire au hasard plus ou moins heureux plutôt qu’à une nécessité psychotique débouchant sur une hallucination collective, ce qui était somme toute en parfaite cohérence avec mon agoraphobie affirmée.
Ne pas croire en Dieu impliquait pour moi le rejet de l’idée saugrenue d’une forme de survie autre que dans le souvenir de ceux qui avaient pu nous connaître et parfois nous aimer. Nul espoir pour moi d’une métempsycose ou d’une résurrection quelconque, sous quelque for me que ce soit. Tout ceci n’était à mes yeux que fariboles, fumées d’opium d’un peuple trop crédule.
Si je reconnaissais que Dieu était une réponse confortable à la justification de la vie pour le plus grand nombre, je préférais quant à moi faire mienne la proposition de Jean Cocteau : « Puisque ces mystères nous dépassent, feignons d’en être l’organisateur ! »
Hélas ! devant ce grand trou noir dans lequel je semblais être tombé, il m’était impossible de me prendre pour l’organisateur du mystère.
Le paradoxe était que je me trouvais soudain rattrapé et dérangé par une conviction qui avait été la mienne la plus grande partie de ma vie, qui voulait que l’esprit l’emportât sur le corps, jusqu’à ce que Nietzsche me montre à quel point cette vision de l’homme était stupide, les deux parties étant intimement liées.
J’étais enfin ce pur esprit dont j’avais rêvé et j’en souffrais plutôt que de m’en satisfaire.
La seule chose positive, dans cette situation nouvelle pour moi, était que je n’avais plus le moindre trouble de l’audition, mais plutôt le sentiment de bénéficier d’une hyperacousie qui me permettait d’enregistrer le moindre frémissement. J’en concluais que le sens de l’ouïe s’était développé avec la perte de la vue, mais je n’étais pas certain qu’il fut réellement question ici d’entendre. D’où seraient sorties toutes ces paroles, à commencer par les miennes, puisque je n’avais pas plus de bouche que de corps ?
— Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent… récitais-je ironiquement, citant Matthieu (11,5) en prenant soin d’éluder les mots suivants qui prévoient que « les morts ressuscitent ».
Il fallait donc en revenir à l’âme ou à l’esprit, à cette chose éthérée, impossible à définir, à la survie ou persistance de laquelle il me devenait difficile de ne pas convenir.
J’avais donc perdu mon pari. La mort n’était pas un mur sur lequel se fracassait toute vie, mais bien une porte, un passage vers autre chose.
Cette idée d’une fin définitive m’avait si longtemps servie de béquille, pour avancer clopin-clopant d’un jour à l’autre… Je m’y étais accroché comme à une bouée de sauvetage ; elle était devenue un espoir si puissant que j’en avais fait en quelque sorte mon Graal et tout ceci se révélait faux !
Toutes les épreuves que j’avais pu traverser dans ma vie ne m’avaient jamais mené aux portes d’une telle désillusion, d’un tel désespoir.
Comment allais-je passer cette éternité que j’avais toujours refusée et dans laquelle je n’avais plus le moindre repère ? Depuis toujours j’avais été satisfait d’être doté d’un esprit cartésien, mais celui-ci se révélait soudain totalement inadapté à la situation. Je me révélais incapable d’appréhender le nouvel état qui était le mien. Comment le définir ? Qu’allais-je en faire ? Où cela menait-il ?
La chose certaine était que je n’avais pas le choix, ni la moindre échappatoire. Quand il n’y a plus de corps, plus de vie, comment se suicide-t-on pour échapper à son sort ? Une âme, si c’est le mot qui convient, peut-elle décider de s’éteindre d’elle-même ? Et si l’éternité n’était qu’un passage supplémentaire, débouchant sur autre chose ? Comment savoir, puisque la mort elle-même n’était pas la fin à laquelle je m’étais toujours attendu !



Ce qui m’angoisse, c’est avant tout cette obscurité totale, à laquelle il faut ajouter la sensation de lourdeur dans chacun de mes membres, ainsi que le sentiment d’être engoncé, coincé dans un espace étroit qui m’emprisonne. Le claustrophobe que je suis a le plus grand mal à ne pas paniquer. J’essaye de réfléchir, mais ça m’est impossible. Ma tête ne semble pas plus opérationnelle que le reste de mon corps.
Et puis tout à coup, il y a cette lueur d’incendie, une chaleur intolérable et la fulgurance d’une brûlure qui me gagne tout entier, en même temps qu’une fumée âcre de bois brûlé et de satin fondu m’enveloppe et m’étouffe.
Cela va très vite, je veux me débattre, hurler, appeler à l’aide. Et soudain, le silence déchire mon cri…
 

Toulouse,
12 mars — 4 avril 2014