samedi 13 mars 2021

En ligne droite 4/4

L'APRÈS-MIDI
 
Une lumière vive tentait de s’infiltrer entre ses paupières closes ou plus précisément d’en transpercer la peau. Sensation désagréable contre laquelle il tentait vainement de s’insurger depuis quelques minutes. Il aurait voulu bouger mais son corps semblait être de plomb. Une main féminine passait doucement une compresse humide sur son front. Ses sensations se mélangeaient au point qu’il lui était impossible de savoir s’il était en train de rêver ou non. Cette main légère sur son front, était-ce celle de sa mère pourtant morte depuis si longtemps ? Était-il l’enfant malade d’autrefois ?
Si c’était un rêve, à quoi pouvait-il bien correspondre, qu’est-ce qui, durant les dernières heures, avait pu le générer ? Il s’agitait dans un demi-sommeil, une sensation de noyade, confronté à une impossible remontée à la surface. Il avait dans la bouche un goût de métal désagréable, ses bras et ses jambes étaient de plomb, sa respiration déclenchait des brûlures pulmonaires difficilement supportables. Autant d’éléments qui favorisaient en lui, progressivement, une panique irrépressible ; l’impuissance du corps décuplant l’hyperactivité brouillonne de son esprit.
 
Enfin, ses paupières parvinrent à se décoller et dans une vision encore très floue, il put deviner une pièce blanche surexposée à la lumière crue qui l’avait agressé dans son demi-sommeil.
Un sens nouveau s’éveillait. L’ouïe lui revenait alors même qu’il n’avait pas eu conscience du silence complet qui accompagnait ce qu’il avait d’abord pris pour un songe. Désormais, il pouvait entendre un « bip » répété de manière lancinante, sur un rythme qui s’accélérait soudain comme pour marquer son réveil.
Dans un effort colossal, il parvint à tourner légèrement la tête à droite et vit un mât de métal chromé soutenant un moniteur cardiaque et des pousse-seringues de couleur verte. En baissant les yeux, il eut la confirmation que tout ce dispositif était relié à des tuyaux de plastique transparents pour perfusions et des fils d’électrocardiographie. Son cerveau était assez opérationnel pour additionner tous ces éléments et conclure qu’il se trouvait dans un hôpital. La lumière agressive, grésillante depuis qu’il avait retrouvé le sens de l’ouïe, était celle de tubes au néon. Paradoxalement, le fait de pouvoir analyser la situation ne l’apaisait en rien. Bien au contraire, cela ne faisait qu’alimenter sa panique. Il tenta de se débattre avec la fougue désordonnée de quelqu’un qui se noie.
— Ne vous agitez pas, Monsieur Leishman, ça va aller… ça va aller…
La voix était douce, cherchait à être apaisante un peu comme celle d’une mère qui veut réconforter son enfant ; mais ce n’était pas celle de sa mère. D’ailleurs, il ne lui était jamais arrivé d’être hospitalisé dans son enfance ; foin d’amygdales ou d’appendicite, de bras ou de jambes cassés. Une anecdote familiale, maintes fois répétée, racontait que le pédiatre avait un jour interpellé son père sur le fait qu’il ne voyait jamais son rejeton en consultation et le père avait répondu : « Pour quoi faire, puisqu’il se porte comme un charme ? » cela faisait rire à tous les coups autour de la table des déjeuners dominicaux.
— Où suis-je, demanda-t-il avec un filet de voix à peine audible que lui-même n’était pas certain d’avoir entendu tant sa tête lui paraissait enveloppée dans une épaisse couche de ouate.
— Vous avez été transporté à Saint Léon, l’hôpital de Bayonne.
On l’avait équipé de « lunettes » qui lui soufflaient un filet continu d’oxygène qui lui chatouillait désagréablement le conduit des narines. Il essaya de froncer le nez dans l’espoir de se libérer de cette tuyauterie infernale.
Il sentit tout à coup une vive douleur au bras gauche et fit aussitôt le rapprochement « hôpital », « infarctus », avant de comprendre que la sensation de gêne était simplement due au gonflement du brassard du tensiomètre automatique.
Comme si elle avait pu suivre le cheminement de sa pensée, l’infirmière lui précisa qu’il avait été victime d’un grave accident de la route.
— Quelle heure est-il ? Demanda-t-il d’une voix rauque qu’il ne reconnut pas tant elle lui sembla venir difficilement du fond de la gorge.
— Dix-sept heures trente.
Elle avait cessé de lui éponger le front et s’affairait maintenant autour de machines qui entouraient le lit et dont il n’arrivait pas à déterminer le rôle de chacune. Elle vérifiait le débit des énormes seringues bloquées dans les boîtiers verts ainsi que celui de la poche de perfusion qu’elle avait dû changer juste avant son réveil. Réveil qui n’était d’ailleurs pas total ; il se sentait cotonneux, n’arrivait pas vraiment à assimiler ce qu’on lui disait ni à se souvenir d’un quelconque accident.
— Ne vous agitez pas, dit-elle à nouveau. Votre réveil va se faire progressivement. Vous venez de passer quatre jours dans un coma artificiel afin de vous aider à passer un cap difficile…
Quatre jours ! Il aurait voulu en savoir plus, mais déjà l’infirmière tournait le dos et se dirigeait vers la porte en annonçant qu’elle allait prévenir le médecin de son réveil.
Frank sentait la panique monter en lui. Il n’avait jamais été souffrant de sa vie, n’avait pas le moindre souvenir d’une quelconque infection bénigne non plus que d’une maladie infantile. Il découvrait soudain que son corps n’était pas invincible, à l’abri de tout. Cette absence de repère le jetait dans l’effroi. Il ne serait pas un malade facile, il en avait conscience. Comme du fait que s’annonçait une longue période de souffrances et de réadaptation.
 
Le temps d’une micro-sieste et le chirurgien était à son chevet. Il lui faudrait probablement s’attendre pendant quelque temps encore à de telles déconnexions subites. Cela donnerait un hachis de temps peu propice à se reconnecter au continuum auquel il était habitué.
Après quelques civilités vite expédiées, le praticien lui esquissa un tableau rapide de la situation, depuis son arrivée en hélicoptère jusqu’à sa sortie du bloc opératoire où il avait subi de nombreuses et longues interventions, jusqu’à sa récente sortie du coma. Il parlait sans le regarder, les yeux plongés dans son dossier, tournant les pages afin de vérifier l’état de son patient sur des données cliniques plutôt que sur sa mine de papier mâché. Frank eut la désagréable sensation d’avoir perdu toute humanité dans l’accident, de n’être plus qu’un corps amoché, plus ou moins réparé.
— Vous souvenez-vous de l’accident ? Cette question allait revenir souvent, il en avait l’intuition. Tout comme il lui paraissait évident qu’elle n’avait pas le même sens dans la bouche du toubib ; celui-ci était moins intéressé par les détails de l’accident lui-même que par l’état de la mémoire de son patient. Il était simplement à l’affût d’une amnésie rétrograde.
— Je ne me souviens de rien, répondit Frank. Je veux dire que je ne sais pas comment j’ai atterri ici, bien que l’infirmière m’ait parlé d’un hélicoptère, ni ce que l’on m’a fait jusqu’à ma sortie du coaltar.
C’était vrai, cependant il aurait pu ajouter qu’il se souvenait de son identité, son adresse, sa profession… tout ce qui le constituait d’une certaine façon, jusqu’à l’accident. Plus exactement, il connaissait les grandes lignes mais se sentait démuni au moment d’en dégager les détails. Tout cela était trop flou pour lui permettre d’envisager de donner une réponse plus complète.
— Et vous, vous pouvez me dire ce qui m’est arrivé ? Le chirurgien haussa les sourcils pour marquer sa réprobation. Il n’aimait pas qu’un patient veuille lui faire dire plus de choses qu’il ne l’avait décidé. Encore moins dans le cas présent où il ne savait rien.
— Pas la moindre idée. On vous a amené ici en très mauvais état, nous avons recollé les morceaux et c’est là tout ce qui nous intéressait. Pour l’accident, vous verrez avec les gendarmes. Ils ont demandé à être prévenus de votre réveil. Si vous vous sentez capable de les affronter, je les préviens. Sinon, nous pouvons retarder cet appel de quelques heures, dit-il d’un ton neutre. Tout ceci relevait pour lui de la routine.
— Allez-y, vous pouvez les appeler. Plus vite ce sera fait, plus vite je comprendrai. Comme je dis toujours à mes clients qui demandent délai sur délai, reculer l’échéance ne la fait jamais disparaître.
 
Il eut à nouveau une période d’absence et, au réveil un capitaine de Gendarmerie était là, prêt à l’interroger. Ce fut une conversation courtoise, sans brusquerie. Il se demanda si cela était par égard pour son état ou s’il fallait y voir le signe qu’on ne lui reprochait rien. Après tout, il avait toujours été un conducteur prudent, soucieux du respect de la réglementation au point de n’avoir jamais eu le plus petit accrochage ni le moindre PV.
— Vous ne vous souvenez pas du tout de l’accident, c’est bien cela ? La question devenait lancinante. D’abord l’infirmière, puis le chirurgien et maintenant la Gendarmerie. Il y avait quelque chose de stressant à n’avoir aucune réminiscence quand tout le monde vous pressait de donner votre version d’un événement qui, pour vous, n’avait pas la moindre réalité.
— Nous avons pu reconstituer en partie votre emploi du temps du jour qui a précédé l’accident. Les clients que vous avez visités, le restaurant de Cap-Breton où vous avez déjeuné, l’auberge où vous avez dîné, le motel où vous avez passé la nuit. La carte bancaire est un excellent auxiliaire d’enquête… L’un des responsables du motel nous a indiqué que vous avez recherché les coordonnées du restaurant de Cap-Breton. Cela vous évoque des souvenirs, même partiels, des images…
— Non. Rien, hélas ! Et, croyez-moi, je ne souhaite rien tant que de recouvrer le souvenir de chaque seconde de cette journée-là.
C’était on ne peut plus sincère car il lui semblait que derrière toutes ces questions il y avait une situation délicate qu’on lui cachait.
— Vous ne pouvez rien me dire, qui me mettrait sur la voie ? Depuis mon réveil, je sens qu’il y a quelque chose que l’on ne me dit pas et ça m’angoisse terriblement. Ne pas se souvenir, avoir un trou de plusieurs jours dans son existence entre l’accident, les opérations et le coma, croyez-moi, c’est insupportable.
— Je ne voudrais pas vous influencer. Les mots doivent venir de vous. Factuellement, votre véhicule est parti en soleil et a enchaîné plusieurs tonneaux avant de s’écraser contre un pin.
 
Ce fut comme si le mot « soleil » faisait sur lui l’effet d’un code décidé préalablement pour le tirer d’une séance d’hypothèse à laquelle, par ailleurs, il n’aurait jamais eu l’idée de se prêter de son plein gré. Frank était trop soucieux de garder le contrôle en permanence, mais aussi de tenir secrète sa vie intime. Non qu’il eût quoique ce soit de répréhensible à cacher, cependant il était mal à l’aise à l’idée de se donner en spectacle. Les « réseaux sociaux » étaient pour cela tout ce qu’il détestait, des vecteurs d’exhibitionnisme, de voyeurisme et finalement de haine plus que de sociabilité. Les journaux regorgeaient d’histoires en ce sens qui lui donnaient raison. Tous ceux qui avaient tenté de le convertir à cette modernité-là s’y étaient cassé le nez. Il avait même refusé et fait en sorte de ne pas figurer sur le trombinoscope des sociétés qui l’employaient. Certains y voyaient une forme de paranoïa quand il n’était question que de bien-être et de protection de l’intimité. Ses collègues comme ses clients ne savaient rien de sa vie et n’avaient pas à en connaître. Lui-même ne s’intéressait en rien à la leur en dehors du cadre professionnel. S’il lui arrivait de recueillir des confidences, il ne les sollicitait jamais, en aucune manière.
Le soleil… il était bien là en ce milieu de matinée, après le déluge de la nuit dont la route gardait la trace entre humidité de l’asphalte et flaques d’eau. C’était une route encaissée dans la forêt de pins, toute droite et ennuyeuse comme la plupart dans le secteur. Ce fameux soleil était plus haut que l’horizon et se réverbérait sur le goudron mouillé, devenant presque aveuglant par instants. Il roulait tranquillement, écoutant l’une des chansons du Boss qu’il aimait bien même si c’était loin d’être sa préférée, « Frankie fell in love. » Il pensait à cette soirée du 25 juin 1985, où il avait assisté à l’un de ses concerts au stade Geoffroy Guichard, à Saint-Étienne. Cette petite boule d’énergie survoltée dans son jean et son tee-shirt noir sans manches auquel Clarence Clemons aurait presque volé la vedette dans son costume rouge, lunettes assorties, son saxophone prenant tous les feux des projecteurs dans ses solos sur le devant de la scène. Les feux des projecteurs sur le saxophone le ramenaient à ceux du soleil sur le miroir de la route mouillée. Les pins de part et d’autre formaient une sorte de tunnel inégalement couvert. Ligne droite dégagée jusqu’à l’infini…
Il parlait, racontait en même temps qu’il se souvenait, sans filtre. C’était moins pour répondre à la question du gendarme que pour s’aider lui-même à se remémorer. Savoir ce qui s’était produit devenait une urgence presque vitale pour lui. Tout plutôt que l’incertitude ou l’oubli !
— Vous étiez donc un peu distrait, nota le gendarme.
— Pas du tout, j’avais l’œil sur la route et je me concentrais car j’étais ébloui par intermittence.
C’était vrai. Pourtant cela n’avait pas suffi à éviter l’accident.
— J’avais également l’œil sur le rétroviseur car un véhicule me suivait à distance raisonnable depuis déjà quelques kilomètres et je m’attendais à ce qu’il décide de me dépasser…
Frank n’alla pas plus loin, se figeant soudain sans voix, les yeux exorbités devant une vision d’horreur. Brusquement, tout se mit en place dans sa mémoire abîmée par le choc physique et lui revint dans un choc psychologique qui n’était pas moindre.
Il roulait avec les deux vitres avant baissées, humant cette odeur de pins et d’humus détrempés qu’il appréciait, écoutant les bruits de la forêt par-delà celui du moteur relativement silencieux de sa berline, le chuintement des pneumatiques sur l’asphalte inondé par endroits. Springsteen chantait que « la souris de l’église ronfle/Les nouvelles sont partout dans la ville/Frankie est tombé amoureux », c’était son jour de repos, il allait récupérer son téléphone et rentrer chez lui pour une balade à cheval… une vie simple et heureuse, sans drame, presque sans aspérités. Et puis il y avait eu des cris qu’il n’avait pas eu le temps de comprendre mais qui disaient l’effroi et le danger.
— L’enfant… chuchota-t-il sans aller plus loin.
Le capitaine de gendarmerie hocha la tête pour l’encourager à poursuivre. Il ne pouvait rien lui dire pour l’encourager, le récit devait venir de lui seul. C’était sa version qui importait car elle permettrait de confirmer ou non une vérité que les constatations, témoignages et expertises des jours précèdent, jusqu’aux dernières heures, avaient permis d’établir.
L’enfant avait déboulé sur son VTT, sortant d’un chemin de terre sur sa droite. Frank revoyait la scène telle qu’il l’avait vécue : au ralenti. C’était comme si le temps se décomposait, chaque centième de seconde s’étirant l’espace d’une éternité. Il avait enregistré en même temps les cris des parents et la survenue inattendue de l’enfant. Un gamin qui devait avoir entre huit et dix ans, qui riait aux éclats, les jambes écartées du cadre, les pieds ne touchant pas les pédales. Les mains tenaient le guidon de telle sorte qu’elles ne pouvaient actionner les freins. Sans doute, emporté dans son jeu, son désir d’exploit, n’avait-il pas envisagé qu’il puisse y avoir une route au bout du chemin.
Dans un même mouvement, il avait freiné et tourné le volant vers la gauche. Aquaplaning… l’arrière de la voiture s’était soulevé en même temps que celle-ci se couchait sur le côté et commençait une série de tonneaux qui alla s’achever contre un tronc de pin dans un fracas épouvantable.
Tandis que le véhicule roulait sur lui-même, Frank – malgré la ceinture de sécurité – avait eu brièvement l’impression d’être coincé dans le tambour d’un lave-linge. L’impact et le fracas n’étaient que des reconstitutions a posteriori car il avait déjà perdu conscience à ce moment-là.
— J’ai réussi à éviter l’enfant ; c’est l’essentiel, dit-il.
 
Mais il ne l’avait pas évité. Plus précisément, par un coup du sort incompréhensible, l’enfant ayant perdu le contrôle de son vélo au moment de l’impact qu’il voyait inévitable avec la voiture avait tendu la main pour s’accrocher à la portière par la vitre ouverte. Geste irréfléchi, instinctif et fatal. Emporté dans les tonneaux du véhicule, il avait été écrasé à plusieurs reprises sous son poids. Les réflexes sont ainsi faits que sous la douleur on se crispe plutôt que de lâcher prise ; ainsi, saisissant la queue brûlante d’une poêle, on aura tendance à la serrer davantage dans notre main.
Les occupants du véhicule qui suivait Frank avaient tous témoigné dans le même sens : celui-ci avait eu le réflexe de braquer pour éviter l’impact avec l’enfant, tandis que ce dernier – cherchant probablement un appui pour retrouver son équilibre – s’était accroché au véhicule. Version que les parents, effondrés, admettaient tout en estimant que la seule responsabilité était celle du chauffeur. Une instruction allait être ouverte, au chef d’homicide par imprudence, qui permettrait d’y voir plus clair. Cependant, les premières constatations et analyses scientifiques montraient que la fatalité était seule responsable du drame, si l’on voulait écarter le manque de fermeté des parents sur un gamin casse-cou peu soucieux de sa propre sécurité ; ce qui avait entraîné sa mort en même temps que de multiples fractures et lésions chez Frank, à qui l’on n’avait pas encore annoncé que sa convalescence serait très longue, sa rééducation douloureuse sans qu’il soit possible à ce stade d’affirmer qu’il retrouverait l’usage de ses jambes.
 
Quand il fut à nouveau seul dans la chambre, Frank se laissa submerger par les larmes. Il avait tué un gamin ! Qu’il soit ou non reconnu responsable et quel que soit le degré de responsabilité retenu, le résultat était le même : le gamin était mort dans des conditions affreuses.
Ce qui était d’autant plus injuste dans cette histoire maintenant que la mémoire lui était entièrement revenue, c’était que ce drame n’aurait pas eu lieu sans un enchaînement de circonstances collatérales : oubli de son smartphone au restaurant le jour précédent, orage apocalyptique qui l’avait empêché de poursuivre sa route jusque chez lui. S’il était reparti de Bassussarry le matin, sans doute ne se serait-il pas trouvé exactement à l’endroit et au moment où le gamin déboulait. Et a plus fort raison n’aurait-il pas eu la moindre raison d’y être s’il n’avait égaré ce foutu téléphone.
À l’Auberge ou au Motel ensuite, il s’était senti oppressé, mal à l’aise dans des décors dignes de films gores, comme s’il s’attendait à être victime d’une agression. Était-ce cela que beaucoup nommaient une prémonition ?
 
Toulouse, 12 janvier – 6 février 2021.

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